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journal de la commune

hommes de la Commune de Paris des dispositions que je viens d’annoncer et que je serais prêt à faire exécuter dans un intérêt de pacification.

Il ne m’est pas permis de laisser entrevoir d’autres concessions et surtout d’accepter, pour arriver à la paix, une reconnaissance du caractère de belligérants aux chefs de l’insurrection parisienne. »

C’est le 25 avril que les municipalités de la Seine ont reçu cette réponse. Hier au soir, ils la transmettaient à la Commune, qui, aujourd’hui, les a remerciés tristement. Elle n’a rien à refuser, rien à accepter, puisqu’on ne lui offre rien — sinon la compassion qu’on peut accorder à des criminels, la générosité, l’humanité de M. Thiers, bien connues depuis le massacre de Transnonain et l’affaire Saint Merri.

Les membres de la commission, introduits le 27 près du citoyen Pascal Grousset, chargé de les recevoir au nom de la commission exécutive, ont recueilli les paroles suivantes :

« La commission exécutive donne acte par écrit de sa communication à la délégation des municipalités de la Seine. Mais c’est la seule réponse qu’elle puisse y faire. »

« En dehors des termes de cette réponse officielle, a repris le citoyen Grousset, je vous ferai remarquer que votre désir fort honorable de conciliation se trouve entravé, dès le début, par cette déclaration de M. Thiers, qu’on n’aperçoit pas de moyens de conciliation possible entre lui et les coupables

« Versailles se refuse donc à toute conciliation. La Commune de Paris est prête, au contraire, à la conciliation ; mais celle-ci ne peut avoir lieu que par la reconnaissance des droits que nous défendons et que nous avons reçu mission de défendre par les armes si nous ne pouvons en obtenir la consécration par un arrangement.

« La Commune de Paris n’a pas la prétention d’imposer sa loi à la France. Elle entend se borner à lui servir d’exemple. Nous n’aspirons qu’à faire cesser l’effusion du sang. Mais Paris veut que sa révolution communale s’achève, et la Commune la fera triompher au nom du droit, car la Commune de Paris se regarde comme un pouvoir plus régulier que celui de Versailles, qui ne représente qu’un pays foulé par l’étranger, ayant voté sous l’empire de sentiments difficiles à apprécier. »