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journal de la commune

« Citoyens, unissons-nous donc dans le respect de la loi, de M. Thiers, et la Patrie et la République seront sauvées ! »

Sous couvert d’union, le suffrage universel municipal et politique se met donc en bataille contre le suffrage armé, la République légale et officielle — s’il est permis de dire qu’il existe une République légale et officielle — entre en bataille contre la République révolutionnaire. C’est comme en juin. D’un côté la République populaire, et la République bourgeoise de l’autre côté. Il n’y a que l’appel au vote qui puisse nous préserver de la funeste éventualité de l’appel aux armes, et les maires et députés de Paris, issus eux-mêmes des élections, ne veulent pas que, dans les conjonctures critiques amenées par une criminelle batifolerie de ce gredin de malheur qu’on appelle M. Thiers, ne veulent pas que nous en appelions au peuple notre maître, notre juge à tous ! Contre les élections immédiates, ils promettent des lois libérales que l’Assemblée rurale édictera à bref délai. Les citoyens Louis Blanc, Greppo, Schœlcher et Martin Bernard se portent garants pour MM. Thiers, Grévy, Dufaure et consorts que les honorables ayant pour noms de Gastonde, de Peyre, Courbet, Laroche-Theulon, Audren de Kerdrel et autres affermiront la grande institution de la garde nationale, dont l’existence est inséparable de la République, et rendront à Paris sa liberté municipale, si longtemps confisquée par un arrogant despotisme ! Comment Louis Blanc, Lockroy, Millière et Floquet, qui ne peuvent monter à la tribune sans être hués et conspués, insultés par leurs collègues, se portent garants du républicanisme de ces cléricaux, orléanistes, légitimistes, ex-bonapartistes que le nom seul de république fait tomber en pâmoison ? — Qui trompe-t’on ici ?

Devant cette opposition si décidée, devant la défection inattendue de la presse, des municipalités et de la députation de Paris, le Comité central n’a pas hésité à accepter la lutte. Il sait que chacun de ses membres y risque la vie :


CITOYENS,

Votre légitime colère nous a placés le 18 mars au poste que nous ne devions occuper que le temps strictement nécessaire pour procéder aux élections communales.