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journal de la commune

quand même, ne veuillent pas prendre leur revanche trop tôt !

Certes, ils ont de quoi réfléchir. Des châtiments aussi cruels ne pourraient pas se répéter plusieurs fois ; après celui-ci la France était déjà morte autant que vive. Pourquoi la France a-t-elle été ainsi liée vivante sur la roue, pourquoi le bourreau lui a-t-il asséné des coups de sa masse de fer, pourquoi ?

On dit que la France expie le plébiscite et le Coup d’État, c’est vrai ; l’amputation de l’Alsace et de la Lorraine, c’est la punition des expéditions de Rome et du Mexique ; nous avons pris loin, bien loin de Paris, la Cochinchine, mais près, tout près, nous perdons Metz. Nous avons pillé le Palais d’été de Pékin, mais aujourd’hui nous devons compter aux banquiers allemands cinq milliards et le reste.

La France expie donc la corruption bonapartiste ; mais qu’était-ce que la victoire du Coup d’État ? — Si le Coup d’État n’eût été que l’avènement d’une dynastie au lieu et place d’une autre dynastie, il eût importé peu. Mais c’était l’avènement d’une dynastie renversant une République ; c’était la victoire de la bourgeoisie matant la Révolution, le triomphe d’une caste sur la nation. La restauration bonapartiste a été la restauration de la bourgeoisie.

Sans doute, la République a été proclamée de nouveau le 4 septembre ; ce n’était qu’une république de bourgeois, c’est-à-dire de monarchistes plus ou moins parlementaires, une république de libéraux, c’est-à-dire d’ennemis acharnés de la Révolution. Ces libéraux ont été les dictateurs de la France. Les Thiers, les Favre, les Simon, les Trochu, les Fourrichon et compères ont empêché tout élan national parce qu’ils n’auraient pu le suivre ; quand il eût fallu monter à l’assaut, ils se trouvaient perclus d’une jambe, affligés d’un rhumatisme articulaire au bras droit, leur cœur s’épanchait en catarrhes. Et voilà pourquoi nous avons été vaincus : la bourgeoisie nous étouffe, elle nous asphyxie toujours.

Au 31 octobre, au 18 mars, Paris a essayé de s’arracher à ce régime funeste. Paris lutte toujours, Paris lutte encore, il espère même la victoire ; mais, autour de lui, Lyon, Marseille, Toulouse s’insurgent et succombent ; si la bourgeoisie des réactionnaires et des libéraux — c’est tout