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journal de la commune

Chanzy et le sergent-major qui l’accompagne. » Nous fûmes d’abord menés chez l’adjoint au maire qui, voulant à tout prix nous éviter les ennuis d’une captivité dans une prison de secteur, nous installa dans un petit salon… »

Finalement, le petit M. Turquet est mis à la porte malgré lui et va raconter tout chaud l’affaire à l’Assemblée : « Le général Chanzy a été transféré à la prison de la Santé. J’ai l’espoir que le général Chanzy, et une vingtaine d’officiers qui ont été aussi arrêtés, ne seront pas fusillés. »

« M. Ernest Picard, ministre de l’Intérieur. — Je demande à dire un mot. Notre seul regret, c’est que ces faits ne puissent pas être portés et publiés dans Paris et partout. Je demande à mon honorable collègue de la Guerre de décider, et je demande à l’Assemblée de voter immédiatement que ces faits soient portés spécialement à l’ordre du jour de l’armée, afin que les officiers et les soldats les connaissent dans tous leurs détails. Nous ne resterons pas inactifs, laissant s’accomplir de pareils meurtres dans Paris et en France ! (Applaudissements) »[1].

Le lendemain, à l’Assemblée de Versailles, lecture d’une proclamation à la nation et à l’armée, proclamation sournoise, méchante et banale, se terminant par l’exclamation de : Vive la France ! Le député Peyrat demande que, pour rallier les républicains à la cause de l’ordre, on ajoute la formule : Vive la République ! « De là, nous écrit le correspondant du Rappel, sort la plus effroyable tempête : Ruraux, royaux, cléricaux se lèvent, s’écrient, s’emportent contre cette proposition séditieuse, anarchique et impie. Ils ne veulent pas que la République vive. Leur colère est telle qu’ils n’écoutent plus même M. Thiers. Le chef du pouvoir exécutif monte à la tribune, mais les cris l’obligent à en descendre. Le président ne lui obtient la parole qu’en déclarant qu’elle est de droit absolu. Le petit Thiers remonte et se fait petit et la République encore plus petite que lui.

  1. Prévenue par M. Jules Favre, ministre des Affaires étrangères, de l’arrestation du général Chanzy, l’Europe apprendra avec plaisir qu’après son transfert du salon de M. L. M. à la prison de la Santé, le général Chanzy a été relâché, mais sous la condition de rester neutre pendant six mois dans nos troubles civils. Chanzy s’est rendu à Versailles où il a refusé un commandement que lui offrait M. Thiers.