Page:Reclus - La Commune de Paris au jour le jour.djvu/81

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
71
journal de la commune

sa garde nationale, sous peine de n’être plus qu’une misérable dupe.

Voilà pourquoi la logique a voulu que pour pouvoir représenter Paris, la Ligue de Conciliation prenne le nom d’Union Républicaine pour les Droits de Paris. Sans la reconnaissance de la République et des droits de Paris, Paris attaqué n’acceptera jamais de paix ; si cette reconnaissance pouvait être obtenue des monarchistes de Versailles, c’est dans des transports de joie que la paix serait aussitôt conclue.

Il est à noter qu’un Comité de l’Équilibre Républicain, qui a publié son Manifeste hier, dit, en substance, la même chose que la Ligue d’Union, dont voici le programme, accompagné de la liste de ses fondateurs, noms très sympathiques pour la plupart, appartenant au parti républicain modéré, mais honnête et ayant fait ses preuves. C’est un peu le parti des « bons maires » qui se portaient déjà comme conciliateurs entre l’Assemblée et le Comité central. Il est regrettable qu’aux dernières élections ils aient été sacrifiés en masse à des inconnus qui ont encore à montrer qu’ils sont honnêtes et capables ; il est regrettable que le petit nombre des élus de cette catégorie se soit retiré de la Commune, déjà, ou veuille s’en retirer. Nos révolutionnaires de la Commune — c’est des blanquistes que je veux parler — paraissent ignorer que, dans toute collectivité, la majorité et la minorité se font contrepoids et engendrent le mouvement de progression par leur balancement réciproque. C’est ce qui fait que majorité et minorité sont indispensables l’une à l’autre. C’est ce que représente avec une modération fière et virile le manifeste de l’Équilibre républicain, manifeste trop sage et trop sensé, j’en ai peur, pour qu’on l’entende seulement, au milieu du bruit de la fusillade et du roulement du tambour. Nos amis les équilibristes cherchent le terrain permanent et solide où « les divisions et variations doctrinales et personnelles ne puissent plus compromettre, au profit de la réaction, la République que nous voulons fonder ». Ils déclarent franchement et amicalement à la Commune « que, derrière le parti qui a pris l’initiative, d’autres groupes existent, prêts à l’appuyer, prêts au besoin à alterner avec lui ; que, derrière la République révolutionnaire ou à côté, marche la Répu-