Page:Reclus - Les Primitifs.djvu/136

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
116
les inoïts occidentaux.

Hiérapolis, au commencement du printemps. On coupe de grands arbres qu’on dresse dans la cour du temple ; on amène des chèvres, des brebis, et d’autres animaux vivants que l’on suspend aux arbres. L’intérieur du bûcher est rempli d’oiseaux, de vêtements, d’objets d’or et d’argent. De la Syrie et de toutes les contrées d’alentour, une multitude accourt à cette fête, que les uns appellent le « Bûcher » et les autres la « Lampe ».

—  « Voire, l’homme est plus un que divers. »

Ceci nous amène à parler des baleiniers, corporation qui fit la gloire des populations kadiakes et aléoutes avant l’invasion russe, les balles explosibles et les harpons lancés par des canons.

Les Romains avaient réuni en collège sacerdotal leurs constructeurs de ponts ; les Chewsoures du Caucase ont leurs prêtres brasseurs ; les Todas des Nilgherris leurs divins fromagiers ; nos Aléouts, les Koniagas et autres, ont leurs chasseurs de baleine. N’entraient dans la confraternité que des individus ayant passé par des épreuves redoutables, initiés dans les traditions et légendes du puissant cétacé, le vrai Dieu de ces parages. Avant tout on leur demandait une vigueur et une adresse peu communes. Plus d’une fois un de ces hommes, monté sur son petit bateau en peau de phoque, alla seul à la rencontre de l’énorme animal. Il l’attaquait avec une lance pour toute arme, et venait à bout de le tuer[1], — à ce que racontent les indigènes ; mais nous soupçonnons qu’ils relataient là un exploit de magicien. Ce personnage lançait

  1. De Mofras, Exploration de l’Orégon.