Page:Reclus - Les Primitifs.djvu/315

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
295
le déral.

est enjoint de préparer le repas du mari, interdit de le partager ; elle se contente des restes, suivant l’exemple donné par l’épouse brabmane. Chez la plupart des Kolhs, cependant, la femme s’assied à la même table que le seigneur et maître, si table il y a. De leur côté, les Khonds s’abstiennent de la nourriture qu’auraient préparée des gens réputés de caste inférieure, prohibent les viandes du chien, du chat domestique, du serpent, des animaux de proie, tels que chacals, milans et vautours. Une fois sevrés, ils ne touchent plus à aucune espèce de lait.

Par suite d’une abstinence invétérée, la race indoue tient les liqueurs fortes en aversion ; les brahmanes regardent, du haut de leur sobriété rigoureuse, ces barbares qui prennent prétexte de toutes festivités pour boire le toddy avec délices, de toutes cérémonies pour se donner du vin de palmier sans mesure. Quand l’arbre du maouah[1] se couvre de sa riche moisson de fleurs parfumées, qui passent pour guérir la plupart des maladies, le Khondistan est en joie, les éléphants, tous les herbivores, et plusieurs oiseaux se régalent. Les hommes, pour accaparer la plus grosse part, sont obligés de faire garde jour et nuit. Il n’est alors chaumière qui ne distille des pétales une liqueur capiteuse[2] ; il n’est Khond qui ne s’enivre royalement ; la Khonde se permet d’être « pompette ». Les soldats anglais s’accordent plus de latitude, trouvent à la liqueur une certaine ressemblance avec le whisky d’Irlande ; ils se « soûlent glorieusement », en se bouchant toutefois le nez, à cause de l’odeur trop forte pour les Européens.

Voulant se retrancher derrière une barrière infranchis-

  1. Bassia latifolia.
  2. Le déral.