Page:Reclus - Les Primitifs.djvu/367

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
347
femmes médiatrices.

chou Nagasses, qui, quelque guerre que se livrent leurs maris, n’interrompent pas leurs petites visites et leurs affaires quotidiennes. La neutralité est reconnue de celles qui voient s’entre-tuer époux et pères, frères et amis d’enfance ; on ne trouve pas mal qu’au lendemain d’une bataille elles mélangent les regrets et les pleurs. À elles de s’entremettre et de se concerter pour la paix, et, au moment propice, de faire agir une tierce tribu qui s’interpose et envoie des hérauts pour crier : Assez ! c’est assez !

D’ordinaire, on répond : — Nous n’avons pas voulu la guerre ; c’est Loha qui l’a exigée ; s’il veut qu’elle continue, les flèches partiront malgré nous.

— Sans doute, répliquent les pacificateurs. Mais, si Loha est satisfait, tenez-vous pour contents. Nous allons le consulter. Que l’un et l’autre partis envoient chacun deux hommes, pour être témoins de sa réponse. »

Le djanni apporte du riz, y fiche une flèche prise au sanctuaire d’Apollon Loha. — La flèche reste droite ? Que la guerre suive son cours ! — La flèche s’incline et tombe ? Que la paix soit conclue !

Cependant les belligérants demandent un nouveau signe. Pourquoi pas ? Le prêtre convoque tout le monde devant l’autel, invoque le dieu :

— « Ô Loha ! tu avais décidé la guerre. Pourquoi ? Nous l’ignorons.

« Voulais-tu préserver entière notre vaillance, qui eût pu se détériorer dans l’inaction ? Voulais-tu empêcher nos ennemis de devenir trop forts ? Voulais-tu nous soustraire à la paresse et à l’indolence ? Voulais-tu honorer tes amis par une belle mort ?

« Peut-être les forgerons, les tisserands et les distillateurs t’avaient incité à nous jeter dans une guerre qui leur a valu gains et profits.