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race homogène.

maintenir parmi le beau sexe, on s’en remet aux dents de la reine favorite, qui, sauf les cas de jalousie, exerce ses prérogatives avec assez de jugement ; le plus souvent, le roi se soumet sans protestation lorsque la souveraine fait mine de se fâcher[1].

Selon les autorités que l’on consulte, on entend dire que les Esquimaux voyagent peu et qu’ils voyagent beaucoup. Assertions qui cesseraient d’être contradictoires, si, au lieu de s’exprimer d’une façon générale, on avait mentionné chaque fois le nom particulier de la tribu dont il s’agissait. Les uns affirment que les Inoïts ont un centre d’échanges entre l’estuaire du Mackenzie et celui de la rivière du Cuivre. D’autres, niant que ces échanges soient assez actifs pour mériter le nom de commerce, racontent que les Groenlandais et les Labradoriens ignoraient avoir des frères au détroit de Béring. On serait donc porté à croire que les accidents locaux, que les particularités traditionnelles différencient profondément ces peuplades qui, depuis temps immémorial, se perpétuent chacune dans son petit coin. Mais on est étonné d’apprendre que du Groenland au Labrador, et du Labrador à l’archipel aléoute, et de là chez les Tchouktches, les mœurs se distinguent seulement par d’insignifiants détails ; que, par leurs grandes lignes, les croyances et superstitions se confondent ; que l’entière Esquimaudie est un immense canton. Cela s’explique : les habitants sont dominés par les deux plus grands facteurs de l’existence, le climat et la nourriture, dont les conditions s’imposent d’une façon à peu près égale. Tous éprouvent les mêmes besoins et recourent aux mêmes

  1. Nares, Voyage à la mer polaire.