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les inoïts orientaux.

Plus au nord, les huttes de mottes gazonnées deviennent plus rares, au moins pour les habitations d’hiver. La terre presque toujours gelée, étant trop difficile à travailler, on se construit des ruches ou fours, en cubes de neige, disposés en couches annulaires qui vont s’amincissant. Les Itayens disposent leurs blocs en spirales conduites avec une rigueur géométrique. Ce mode paraît unique, et l’on ne cite aucun autre exemple de ce système architectural. John Franklin s’écrie qu’une de ces huttes fraîchement terminées est une des plus belles choses qu’ait formée la main des hommes :

« La pureté des matériaux, l’élégance de la construction, la translucidité des parois à travers lesquelles filtre la plus douce des lumières, réalisent une beauté qu’aucun marbre blanc ne saurait égaler. La contemplation d’une de ces huttes et celle d’un temple grec orné par Phidias laissent la même impression : triomphes de l’art l’un et l’autre, ils sont inimitables chacun dans son genre. »

Mais avec une ou plusieurs familles claquemurées en un étroit espace, sans ventilation par portes ni fenêtres, au milieu d’une accumulation multiple : herbes, viandes pourrissantes, poissons qui aigrissent, huile rance, débris et déchets de toute nature, que devient, que peut devenir la propreté ? Ces huttes que nous ne pouvions trop admirer quand elles venaient d’être terminées, et qui, du dehors, nous plaisaient si bien par leur forme ovoïde et leur blancheur immaculée, et vues de dedans, par la lumière pâle et suave qui les traverse ; ces huttes, à peine habitées, ne sont plus que des bouges infects, ignobles réceptacles d’immondices. Notoirement sales et malpropres, les Inoïts prennent à l’occasion un bain de vapeur ; mais, en temps