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les inoïts occidentaux.

brèche par des étrangers se disant porteurs d’une civilisation supérieure, c’est-à-dire d’armes perfectionnées.

Dans ces bâtiments qui subsistent encore, la partie médiane est libre et appartient à tous ; les côtés sont divisés de distance en distance par une cordelette, qui parque les familles, chacune en son compartiment ; on dirait une écurie avec double rangée de boxes ; chaque ménage y dispose d’un espace qui nous paraîtrait à peine suffisant pour un seul cheval : sur le carré que prendrait un de nos meubles, père, mère et la géniture s’entassent autour de la lampe. Toute famille possède barque sur mer et lampe au kachim. Pour économiser le terrain, on dort, soit dans une niche creusée en la paroi, et garnie de pelus, soit accroupi sur les talons, le menton sur les genoux, dans l’attitude que nombre de primitifs donnent toujours à leurs cadavres. Dall, qui a passé au tamis « les débris de cuisine », et les décombres de plusieurs kachims préhistoriques, est persuadé que ces demeures étaient habitées simultanément par les vivants et par les morts. Si l’un des occupants venait à mourir, sous sa place accoutumée, on creusait un trou, on l’y déposait, on le recouvrait de terre ; deux pieds d’argile séparaient les habitants des deux mondes… Il se peut.

Point d’autre feu que la flammule des lampes destinées à fondre la glace pour en faire de l’eau potable ; la chaleur de tous ces corps vivants resserrés sur un petit espace, — il est tel de ces enclos qu’on dit habité par deux à trois cents personnes, — suffit pour faire monter la température à un degré si élevé, que tout ce monde, hommes et femmes, filles et garçons, se débarrassent de leurs vêtements.

Rien ne nous étonne davantage, nous autres policés,