Page:Reclus - Les Primitifs.djvu/94

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
74
les inoïts occidentaux.

jourd’hui, les gens sont mieux pourvus. Habitation, outils, mobilier, costume et religion, s’inspirèrent rapidement des modèles qu’avaient apportés les commerçants russes, qu’imposèrent les conquérants. Les marchandises de provenance américaine n’ont pas été longues à se substituer à celles qu’envoyaient naguère Pétersbourg et Moscou. Les étoffes de drap, même la lingerie, envahissent les garde-robes, mais ne sauraient se substituer entièrement aux fourrures du pays ; les femmes ont d’excellentes raisons pour ne pas abandonner tout à fait un costume qui leur va très bien, et qu’elles enjolivent de franges et verroteries. Les hommes aussi sont restés fidèles au costume en plumage d’oiseaux marins, sur lequel l’eau glisse sans mouiller. Ils font usage de souliers en peau de poisson, mais cette chaussure ne doit pas approcher le feu, sous peine de racornir et ramollir ; en peu d’instants elle serait mise hors d’usage. On porte des bas tressés avec une herbe des marais. De la dépouille des esturgeons, on se confectionne des manteaux très convenables. Les hommes s’affublent volontiers d’un mufle et d’une queue de loup[1].

Naguère, les Aléouts se faisaient remarquer par leur amour de la parure et du tatouage ; mais l’affreuse oppression qu’ils ont subie leur a fait perdre cette vanité[2]. S’ils se barbouillent quelquefois le visage avec des couleurs ou avec du charbon, c’est moins pour s’embellir la figure que pour la protéger contre l’embrun marin, lequel en s’évaporant dépose du sel qui tend à irriter la peau et la faire gercer. La plupart des Esquimaudes se tatouent toujours le front, les joues et le menton ; les

  1. Zagoskine.
  2. Langsdorf.