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Hélas ! que n’est-il mort au milieu des batailles,
Noblement étendu sur un lit de lauriers !
Il mourra loin des camps, sous d’indignes murailles,
Comme le dernier des guerriers !
Les peuples effrayés pleureront en silence ;
Des Français oublîront sa cendre sans vengeance ;
Ils souriront à son bourreau !
Et long-temps son ombre sanglante
Sur cette terre encor de son trépas fumante
Viendra demander un tombeau !

Cependant, à l’aspect du héros magnanime,
Etonné d’être ému par le sang innocent.
Le tribunal affreux des ministres du crime
Se tait en frémissant.
Epouvanté de ce qu’il va résoudre,
Il craint de condamner celui qu’il n’ose absoudre…
Mais le Corse a trop attendu :
Il apprend qu’on trahit sa colère inquiète ;
Il parle, et la terreur répète
L’arrêt par la justice un instant suspendu.

Ah ! quand viendra le jour où l’Europe et la France
Dépouilleront leurs vêtemens de deuil ?
Ce jour où de son pied l’ange de la vengeance
Frappera le colosse élevé par l’orgueil ?
Des bourreaux de Louis héritier détestable,
Cache-toi, cache-toi sous ton bonheur coupable ;
Impose par la gloire aux peuples abusés…
Tu montes pour tomber, aujourd’hui roi suprême,
Demain peut-être esclave, et seul avec toi-même
Pleurant sur tes sceptres brisés.

Adieu, noble amour de la gloire !
Adieu lauriers promis à ses jeunes vertus !
Compagnons du héros si chers à sa mémoire,
Adieu, vous qu’il ne verra plus !
Assis dans les cachots d’une tour solitaire,
Il attend l’heure funéraire