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Dont la lumière homicide
Guidera le plomb fatal,
Ils reculent, et dans l’ombre
A peine une lueur sombre
Brille à leurs yeux inhumains ;
Et le héros immobile
Présentait un cœur tranquille
Au fer qu’apprêtaient leurs mains.

Le chef des meurtriers à sa troupe insensible
Donna soudain l’affreux signal.
La mort, ceinte d’éclairs, avec un bruit horrible
Passa sous ce rempart fatal.
D’Enghien était tombé !… Dormez, peuples esclaves,
Peuples dignes de vos entraves,
Qui croirez le venger par de stériles vœux !
La race des Condés pour jamais est éteinte :
Ce sang dont la patrie est teinte,
C’est le sang des héros promis à vos neveux.

Étendu palpitant sur la poudre sanglante,
Il voyait ses bourreaux, pour cacher leurs forfaits,
Ouvrir à coups pressés la tombe dévorante
Qui doit l’engloutir à jamais.
Bientôt son sang glacé dans ses veines s’arrête ;
Sur une froide pierre il repose sa tête ;
Luttant contre la vie, il attend le trépas.
En ce moment une ombre immense
Qui siégeait sur les tours, pareille à la vengeance,
Se lève en agitant ses gigantesques bras.

Une auréole étincelante
Brillait sur son front couronné ;
Et de son sein couvert d’une pourpre éclatante
Flottait un long linceul aux vents abandonné.
C’était le saint Monarque :… un effrayant silence
Dans les airs étonnés annonça sa présence ;
Le fer tomba des mains des bourreaux pâlissans ;
Et sa voix semblable au tonnerre
Bénissait le héros renversé sur la terre
En ces formidables accents,