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Page:Recueil des Historiens des Gaules et de la France, tome1.djvu/86

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PRÆFATIO.


X.

De l’état des Lettres dans les Gaules.

Ce serait ici le lieu d’exposer l’état des lettres et des sciences dans les Gaules avant l’arrivée des François. Mais ce sujet demande de grandes recherches, et me détournerait de mon dessein principal. D’ailleurs cette matiere a été traitée avec beaucoup d’érudition par Dom Rivet dans son Ouvrage intitulé, Histoire littéraire de la France. Il examine en quel tems les Gaulois ont commencé à faire usage de l’écriture, de quels caractères ils se sont servis : il parcourt tous les siècles avant et après Jesus-Christ : il parle de toutes les villes où les sciences ont fleuri, et où il y a eu des Académies : il nous donne le nom de tous les Savans Gaulois qui ont eu quelque réputation ; il dresse le catalogue de leurs écrits, et il en porte son jugement. Nous avons déjà remarqué avec Diodore de Sicile que les Gaulois avoient l’esprit fin et délicat, et qu’ils avoient beaucoup de disposition pour toutes les sciences. César nous les donne pour des gens adroits et propres à imiter et à faire tout ce qu’on leur montrait. Les Druides, les Bardes, les Vates, dont nous avons parlé, et dont nous avons rapporté les fonctions, sont une grande preuve que la Theologie, la Philosophie, l’Astronomie, la Poësie, et les autres Sciences étoient cultivées dans les Gaules. Et même S. Clement d’Alexandrie veut que les Gaulois aient précédé les Grecs dans la connoissance et la profession publique de la Philosophie. Nous ne sommes pas en cela de son avis ; nous croions au contraire, comme nous l’avons déjà dit, que les Gaulois ont beaucoup emprunté des Marseillois, qui étoient Grecs d’origi