Page:Recueil général des anciennes lois françaises, tome 17.djvu/26

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pour augmenter vos années, et que tout le bonheur du royaume s’assemble sur la tête de votre Majesté.

« Quant à nous, Sire, qui comme vos gens et plus particuliers officiers, n’avons ni pensées ni paroles qui ne soyent toutes royales, et qui n’aboutissent au service de votre Majesté, nous la supplions les genoux en terre, et les mains jointes, d’aimer son parlement, dans lequel réside le dépôt sacré de la justice, l’image de la fidélité et de l’obéissance la plus parfaite et de vouloir considérer que Dieu se dispense rarement des ordres ordinaires de la nature, bien qu’il en soit l’auteur. Il est vrai que les prophètes et les premiers hommes justes ont opéré quelquefois des merveilles pour la punition des crimes, pour confondre l’infidélité ; mais il ne se trouvera point que le fils de Dieu ait jamais fait de miracles que pour l’utilité publique ou particulière des hommes, auxquels il a révélé sa gloire et manifesté sa puissance. Ainsi les souverains qui doivent à Dieu ce que nous devons à leurs personnes, le compte de nos actions, sont obligez d’être infiniment retenus dans toutes sortes de nouveautez contraires aux lois anciennes et ordinaires de l’état, qui sont les fondemens de la monarchie : leur réputation y est engagée dans l’esprit de leurs peuples et l’estime des étrangers.

« Permettez-nous, Sire, d’adresser dans ce moment notre voix à la reine votre mère, et de faire la même supplication de vouloir insinuer ces pensées à votre Majesté, dans vos plus jeunes années, et l’élever dans ces inclinations de bonté pour les peuples, nous l’en conjurons au nom de tous les ordres du royaume, par les sentimens de sa piété, par le titre auguste de régente, duquel elle prend aujourd’hui possession toute libre pour le bien de l’état, pour maintenir par autorité l’union dans le royaume, effacer toute sorte de jalousie, de factions, et de partis, qui naissent facilement quand la puissance est divisée.

« Nous sçavons bien que le conseil, qui est la source de la sagesse, est aussi l’âme et le nerf du gouvernement ; et que dans la minorité de nos roys, les princes du sang, et les grands officiers de la couronne, sont conseil-né de la régence, avec cette différence pourtant, que les uns y sont appelez par naissance, et les autres par élections : mais le conseil doit être libre, agissant par persuasion et non pas par nécessité, puisque, selon les maximes de la meilleure politique, le jugement de ceux qui commandent doit être l’arbitre de l’esprit et des pensées de ceux qui consultent. Toutes les précautions contraires à cette liberté, les clauses déro-