Page:Recueil général des anciennes lois françaises, tome 21.djvu/32

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les cabales qui en sont les suites ordinaires, et qui deviennent tôt ou tard des sources funestes de division ; ce seroit enfin affoiblir et presque détruire toute l’autorité de la régence, en ôtant au prince à qui elle est confiée, le pouvoir d’accorder des récompenses et de faire des graces, pouvoir qu’on a toujours regardé comme un des plus grands ressorts du gouvernement ; il n’appartient qu’à celui qui en est chargé, de connoître à fond la juste mesure des services rendus à l’Etat ; de les apprécier à leur véritable valeur et de leur donner la récompense qu’ils méritent, ce n’est pas que M. le duc d’Orléans veuille négliger même sur ce point les avis du conseil de régence, il s’engage au contraire à le consulter ; et pouvoit-il en faire davantage pour apprendre à toute la France l’usage qu’il veut faire de la liberté qu’il demande ? Ils ne peuvent donc que souscrire à une réserve si juste et si mesurée, et supplier la cour de conserver à jamais dans ses registres ces paroles mémorables de M. le duc d’Orléans : Qu’il ne voulait être indépendant que pour faire le bien, et qu’il consentait qu’on le liât tant qu’on le voudrait pour ne point faire de mal.

Qu’après avoir tâché de remplir tout ce que le devoir de leur ministère exigeoit d’eux par rapport à l’exercice de la régence, il ne leur restoit plus qu’à proposer à la cour leurs réflexions sur ce qui regardoit l’éducation du roi.

Qu’il n’étoit ni nouveau ni singulier de voir, dans les familles particulières, l’éducation des mineurs séparée de la régie et de l’administration des biens, et que les histoires sont pleines d’exemples dans lesquels la régence du royaume et l’éducation des rois mineurs ont été confiées à des personnes différentes.

Que ce sont sans doute ces exemples qui ont inspiré au roi défunt la pensée de remettre l’éducation du roi son petit-fils entre les mains de M. le duc du Maine ; que le vœu d’un père et d’un roi, qui est présumé mieux instruit que tout autre de ce qui peut-être plus convenable à l’éducation de ses enfants, est d’un si grand poids, que sans de puissantes raisons, il étoit difficile de ne pas se soumettre à la sagesse de ses dispositions.

Que la volonté du feu roi, le suffrage de M. le Régent, les lumières et les vertus de M. le duc du Maine concourant à lui faire déférer une éducation si précieuse à la France, il étoit nécessaire de lui donner un titre qui répondit au glorieux emploi qui lui étoit destiné ; que la tutelle du roi étant entre les mains du conseil de régence, suivant les dernières dispositions du roi défunt, et M. le duc d’Orléans entrant par la qualité de