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Page:Recueil général des sotties, éd. Picot, tome I.djvu/13

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v
INTRODUCTION

Sur la première espèce de sotties, nous trouvons quelques détails dans le Doctrinal de la secunde Retorique composé en 1482 par Baudet Herenc[1]. L’auteur de ce traité nous apprend que de sottes amoureuses se récitaient à Amiens, le premier jour de l’an, dans des fêtes présidées par un « prince » ; il ajoute que « tant plus sont de sos mos et diverses et estranges rimes, et mieulx valent ». Les sottes amoureuses paraissent d’ailleurs avoir été connues en dehors d’Amiens, et faisaient probablement partie, sous d’autres noms, du programme ordinaire des puys de rhétorique dans les villes de la Picardie et de la Flandre française. Elles se confondaient avec les sottes chansons en usage à Valenciennes, dont Hécart a publié quelques spécimens curieux[2].

La seconde espèce de sottie, appelée aussi jeu de pois pilés[3], était un poème dramatique ; c’était,

  1. E. Langlois, Recueil d’arts de seconde rhétorique, p. 175.
  2. Serventois et sottes chansons couronnés à Valenciennes, 3e éd., Paris, 1834, in-8. — Il faut reconnaître pourtant que les chansons de Valenciennes n’offrent plus guère de traces de la fatrasie ; ce sont simplement des compositions amoureuses.
  3. Un des personnages des Contens d’Odet de Tournebu, comédie écrite vers 1580 et imprimée en 1584, s’exprime ainsi : « Mais quel conseil puis-je prendre en ce cas si inespéré ?… Si je le mets en justice, un chascun se rira de moy et, qui plus est, on me jouera aux pois pillez et à la bazoche (Viollet-le-Duc, Ancien Théâtre françois, t. VII, p. 177) ». Littré cite deux exemples de la même expression, un de Brantôme et un de Malherbe. Brantôme dit dans la vie de M. d’Aussun : « D’autres vivent encore qui se fians [lis. fient] au temps qui consomme et efface toutes choses, et croyent fermement qu’il n’en fut jamais parlé et que cela ne fut jamais, et par ainsi se pavannent et piaffent comme roy des poix pillez aux jeux et farces de jadis faictz en l’hostel de Bourgoigne à Paris » (éd. Lalanne, t. IV, p. 10). — Malherbe écrit à Balzac, vers la fin de l’année 1625 : « Je suis marri que je n’en puis avoir