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DES GENS NOUVEAULX I I 5

mais il leur faut de l’argent. Sans attendre la réponse, ils forcent le Monde de les suivre pour le loger en lieu sûr, et ils le mènent d’abord à Mal, puis de Mal en Pire, c’est-à-dire qu’ils conduisent toute chose « de mal en pire ».

La moralité de la pièce est facile à déduire, car elle est malheureusement de tous les temps. On dit aujourd’hui en style trivial : « Plus cela change, plus c’est la même chose. »

Notre sottie est probablement parisienne ; elle ne contient, du reste, aucun nom géographique qui nous permette de l’affirmer. L’emploi de vers à queue annuée ’ dans deux des couplets récités par le Monde (v. 246- 262 ; 323-334) semble seulement indiquer que l’auteur appartenait au nord de la France. Cet auteur était sans doute un bazochien. Non seulement la leçon morale qu’il nous donne révèle des tendances plus élevées que les tendances ordinaires des Joueurs de farces, mais les expressions unde locus (v. 108), « se reclamer » (v. 279) et « entrer en court » (v. 282) sont empruntées au langage juridique. Ajoutons que le poète, suivant l’usage des clercs, ne manque pas de décocher des traits satiriques contre les avocats (v. 44), les sergents (v. 52) et les procureurs (v. 57).

Nous avons revu avec soin le texte de la pièce sur l’édition ancienne et rétabli trois vers (233-235) qui avaient été omis par les précédents éditeurs. I . Sur cette sorte de vers, voy. L’Art et Science de rhétorique imprimé sous le nom de Henry de Croy {Poésies gothiques, i832, fol. biij).