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INTRODUCTION

mandé aux sots de n’employer que des paroles décentes[1].

M. Stecher cite à l’appui de sa thèse l’Alven-Factie (Sottie des Elfes), représentée au concours d’Anvers par la chambre de rhétorique de Bois-le-Duc[2]. Cette pièce, qui ne compte que 186 vers, ressemble fort à une sottie ; mais nous devons dire que presque toutes les factien contenues dans le recueil de Silvius sont des farces, ayant la forme d’une moralité facétieuse, et non celle de la sottie. De plus la factie terminait la représentation au lieu de la commencer. On voit par le programme des fêtes d’Anvers que les pièces jouées par les chambres de rhétorique se succédaient dans l’ordre suivant : prologhe, esbatement, spel van sinnien (moralité), factie. Cette dernière composition, à la suite de laquelle les acteurs faisaient entendre une « sotte chanson » (factie liedeken), correspondait, en réalité, à la sotternie, ou, plutôt, sotte factie et sotternie étaient deux expressions synonymes. Si l’Alven-Factie se rapproche d’une sottie française, cette ressemblance, à notre avis du moins, n’est pas due aux règles du genre, mais à un caprice des rhétoriciens de Bois-le-Duc.

  1. Spelen van sinne vol scoone moralisacien… ghespeelt… binnen der Stadt van Antwerpen (Antwerpen, Willem Silvius, 1562, in-4), I. fol. B f b.
  2. Spelen van sinne, 1562, I, fol. X iiij. Les personnages sont : Den Patroon vanden Alven, Alvinne, Peerken van Mal, Maes van Keyendael, Heyn van Sotteghem, Groote Laudate, Lijs Roomclosse, Jonckvrou Dante, Vrou Schieloose. Les noms grotesques des sots sont analogues à ceux qui figurent dans la sottie de Gringore (no X).