1879 que l’on vit la première fois le nom de Cazin. Il signait une allégorie de l’Art, dont la conception était étrange et neuve, et une Fuite en Égypte, sorte de paysage crépusculaire, peint à la cire, celui-ci haut placé, dans la salle des dessins que ne visitent guère habituellement que l’indifférence ou la solitude.
Le doux sentiment mystique dont il paraissait empreint pouvait faire croire à la présence d’une peinture de primitif égarée parmi les nôtres. Elle surprenait, elle donnait harmonieusement et sans aucun artifice, la saveur d’une cérébralité lointaine, comme le ferait une mélodie de Berlioz dans un concert de musique militaire : même fragilité pénétrante, un tendre spiritualisme, et même pouvoir d’évocation légendaire. C’était bien le prélude ou plutôt la promesse des autres tableaux que ce nouveau talent devait donner ensuite, car, depuis, des œuvres relativement graves, plus sûres, sont venues encore, toutes marquées de la même saveur morale. Elles donnent maintenant l’assurance d’une carrière que le peintre fournira pour la joie des esprits délicats qui le goûtent et maintenant l’attendent.
Ceux qui recherchent avant tout le plaisir des yeux ne s’arrêteront pas longtemps devant elles, devant ces toiles si tempérées, un peu prudes… où la part de réalité, de sensualité est émise avec mesure, et juste pour ne pas nuire à la légère idéalité qu’en nous elles provoquent. Ils iront devant des travaux d’un autre ordre applaudir aux produits d’un naturalisme qui a bien pour l’art sa nécessité, sa valeur première, mais qui est secondaire quand il est pris pour but et non comme moyen : deux faces de la vérité qui seront toujours opposées et complémentaires : ici les substances, la réalité vue, sensible, concrète, sans laquelle toute conception reste à l’état d’abstraction et en quelque sorte de palpitation créatrice ; là l’imagination même, les vastes perspectives ouvertes à l’imprévu de nos songes, sans lesquelles l’œuvre d’art n’a plus de but, ni de portée. Cazin ne l’ignore pas sans doute, car il garde, en artiste conscient et voyant, un très juste équilibre au centre de