Ce tableau de Waterloo, il l’a conçu, porté, travaillé et mené à fin durant des années ; j’affirme que l’auteur a mis en cette toile toute la force de son talent de peintre.
- (Entretien avec Chenavard.)
Que de pensées se réveillent en moi à l’heure où ces deux maîtres ont leurs œuvres réunies en même temps et côte à côte en une exhibition solennelle. Deux collections toutes personnelles et particulières réunies aux Beaux-Arts par les soins d’une amitié généreuse et patriotique attirent, mais un peu tard, l’élite des amateurs, vers deux génies unis par un côté commun de leurs destinées. On ne peut s’empêcher de méditer sur le sort commun de ces deux hommes de génie, méconnus à peu près durant leurs vies, goûtés après leur mort dans les prémices de leur gloire. Prud’hon fut en effet contesté durant sa vie ; son esprit si tendre et si passionné fut éclipsé durant le Premier Empire par l’éclat scolastique et pédantesque d’une école où David primait avec tout l’éclat et l’autorité d’une grande renommée. Qui pouvait lire, nous le voyons maintenant, dans ces pages, si sincèrement animées, qui pouvait voir alors la grâce aimante et douce contenue dans ces dessins de si simple apparence, lithographies pour la plupart, à un moment où la lithographie elle-même n’était qu’à son berceau ? Certes les peintres officiels d’alors auraient singulièrement souri si l’on était venu leur dire que, cent ans plus tard, leurs œuvres seraient ridiculement démodées, ces plates nudités imitées faussement de l’antique, alors que les marbres nouvellement découverts, n’avaient pas encore permis d’en découvrir les beautés premières. Ils auraient souri, et consciencieusement, si les casques, les tuniques, tout l’appareil antique eût été méprisé, écarté, pour leur préférer la simple