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Essai d’introduction à une Étude lexicologique
de Michelet

CHAPITRE PREMIER
Recherche de la puissance
Emploi des mots qui traduisent une idée d’activité :

a) Les noms d’agents.b) Adjectifs à sens passif.c) Verbes factitifs.d) Adverbes de manière.

A l’égard du vocabulaire, Michelet affiche la même indépendance, ou, si l’on veut, la même largeur d’idées qu’à l’égard de la syntaxe. En principe, il n’a aucun parti pris, hormis celui de tendre toujours au maximum de vie, je dirais volontiers « d’activité ». La langue se ressent nécessairement du mouvement d’un tempérament vigoureux, et elle doit obéir aux exigences d’une volonté que n’embarrasse aucun obstacle. L’écrivain va droit au but et garde la prétention d’y aller par le chemin le plus direct. Aussi recourt-il d’instinct aux mots qui disent beaucoup : verbes factitifs, noms d’agents, adjectifs à sens passif, adverbes en ment… Ces mots sont puissants, ils apparaissent comme des modes de la vie, en tant qu’ils traduisent, non des résultats, c’est-à-dire ce qui est fini, figé, mais des évolutions, des activités en voie de développement ou de progrès. Cela explique la vogue dont ils bénéficieront plus tard chez des auteurs préoccupés, comme Michelet, de donner l’impression directe de la vie[1] (Zola, Daudet, les Goncourt…) C’est au même titre qu’ils ont séduit Michelet, sous cette réserve cependant que son goût le porte plutôt aux noms d’agents qu’aux noms d’action.

Ils devaient le séduire encore par leur synthétisme. Michelet

  1. Cf. à ce propos ce que dit M. Brunot des noms d’actions (La Pensée et la Langue, p. 208).