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largeur d’idées en matière de vocabulaire
CHAPITRE II
Extrême largeur d’idées en matière vocabulaire
a) Les mots rares ou peu usuels ;
b) Les néologismes ;
c) Les expressions familières ou réalistes.

Le même besoin d’économie explique dans une grande mesure la présence de mots peu usuels. Je crois qu’en aucun cas Michelet n’a préféré la formule au terme simple, lorsque la langue le lui fournissait.

On aurait tort de croire à une recherche. Rien ne permet d’affirmer que Michelet « travaille » sa langue. Comme toujours, il n’obéit qu’à son instinct, c’est-à-dire à celui d’utiliser le terme qui répond le plus exactement à sa pensée du moment. Profondément libertaire ici comme ailleurs, il ne reconnaît pas plus l’autorité d’une Académie en matière de lexique qu’il n’admet celle d’une Royauté ou d’une Eglise en matière de gouvernement. Son œuvre reste une République largement accueillante où tous les mots obtiennent droit de cité, à condition qu’ils soient vigoureux et expressifs. Cette largeur d’idées se traduit par l’emploi : 1° De mots rares ou peu usuels ; 2° de néologismes ; 3° d’expressions familières ou réalistes.

mots rares[1]

Ambassadrice (R. F., iv, 174). — Antéhistorique (H. F., ii, 35). — Assassine (H. F., xiv, 188). — Astrologiquement (H. P., ix, 22). — Attrapeur (H. F., ix, 504). — Cavalcader (H. F., i, 259). — Civilisable (H. F., ii, 88, 97 ; R. F., vi, 471, note). — Crédulement (H. F., ix, 242 ; xii, 101 ; R. F., vii, 120, 269). — Découvreur[2]

  1. La plupart de ces mots sont anciens dans la langue.
  2. Mot de l’ancienne langue.