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Page:Regnard - Œuvres complètes, tome cinquième, 1820.djvu/256

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l’honneur, moi ; et je ne veux pas qu’une fille coure le guilledou.

Mezzetin

Parle donc ; dis-moi, quelle raison as-tu eue de sortir de la maison paternelle, carogne, carognissime ?

Pierrot

Voulez-vous parier, monsieur, que c’est l’amour qui l’a mise en campagne ? Les filles sont des vaisseaux qui ne vont d’ordinaire que de ce vent-là.

Colombine

Je vous dirai, mon frère, que sitôt que vous fûtes parti, il vint un jeune cavalier, le plus civil du monde, demander à loger dans notre hôtellerie : pour ne pas paroître moins civile que lui, je lui fis toutes les honnêtetés dont j’étois capable. Aussi pourquoi me laissez-vous seule ?

Elle pleure en disant ces derniers mots.
Pierrot

Je vous l’ai toujours dit, monsieur ; il faut de la compagnie aux filles, quand ce ne seroit qu’un manche à balai.

Mezzetin

Hé bien ?

Colombine

Sitôt qu’il fut arrivé, il me pria, mais le plus honnêtement du monde, de lui donner une chambre. Pour lui faire plaisir, je le menai moi-même, par civilité, dans la belle chambre qui est de plain-pied à la cour.