Page:Regnard - Œuvres complètes, tome cinquième, 1820.djvu/272

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Isabelle

Si je suis brave, ce n’est pas à vos dépens. Est-ce que vous voulez que j’aille toute nue ?

Arlequin

Oui, je le veux. Une fille ne gagne pas tant d’argent à ne faire que des lits dans une hôtellerie.

Isabelle, à part.

Il faut se tirer d’affaire.

Haut.

Et qu’ai-je donc fait pour faire tant de bruit ? Ce beau monsieur-là est bien plaisant d’amener des filles dans notre hôtellerie pour le servir, et emporter tous nos profits !

Arlequin

Comment donc ! Est-ce qu’il y a un peu de gravelure à son fait ?

Isabelle

Il dit que c’est sa soeur. Hé ! Oui, voilà encore une belle parenté ! Il ne passe point de monsieur dans l’hôtellerie dont je ne puisse bien être de même la sœur, si je voulois m’en donner la peine. Oh bien, monsieur, je ne veux point souffrir qu’une autre prenne ma place.

Arlequin

Claudine a raison, monsieur, cela ne se fait point : quand il y a une servante dans une hôtellerie, on ne doit se servir que d’elle ; et d’ailleurs Claudine est très habile in utroque, c’est-à-dire qu’elle fait aussi bien une chambre qu’un ragoût.

Cinthio

Je conviens, monsieur, qu’elle sait parfaitement