Aller au contenu

Page:Regnard - Œuvres complètes, tome cinquième, 1820.djvu/51

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

SOTINET

Comment, dans deux heures ! Je crois que vous vous moquez.

ARLEQUIN.

Oh ! Que cela ne vous étonne pas : j’ai bien été trois mois entiers après une barbe, et tandis que je rasois d’un côté, le poil revenoit de l’autre : mais présentement je suis plus habile ; vous allez voir.

           Il déploie ses outils, ôte son manteau, et le met au cou de Sotinet, au lieu de linge à barbe.      
SOTINET

Mais qu’est ce donc que vous m’avez mis au cou ?

ARLEQUIN.

Ah ! Ma foi, je vous demande pardon : l’empressement de vous raser m’a fait prendre mon manteau pour votre linge à barbe. Allons, toi, donne moi le linge, vite.

Mezzetin lui donne le linge.

SOTINET, regardant Mezzetin

Qui est cet homme là !

ARLEQUIN.

C’est maître Jacques, celui qui accommode mes outils. Venez, maître Jacques, repassez moi ce rasoir pour faire la barbe à monsieur.

MEZZETIN.

prend le rasoir, et contrefaisant le rémouleur, d’une jambe figure la roue de la meule, et avec la bouche, il contrefoit le bruit que fait le rasoir quand on le pose sur la meule pour le repasser, et celui que font les gouttes d’eau qui tombent sur la roue pendant qu’on repasse ; ce qu’Arlequin explique à mesure à Sotinet. à la fin, après plusieurs