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Page:Regnard - Œuvres complètes, tome cinquième, 1820.djvu/54

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SOTINET, bas.

Il faut filer doux ; ce coquin là le feroit comme il le dit : il a une mauvaise physionomie.

Haut, pendant qu’Arlequin le rase.

Dis moi, mon ami, de quel pays es tu ?

ARLEQUIN.

Limousin, monsieur, pour vous rendre service.

SOTINET

Limousin ! Et y a t il des barbiers de ce pays là ? Je croyois qu’il n’y en avoit que de gascons.

ARLEQUIN.

Je crois aussi être le premier de mon pays qui ait embrassé le parti de la savonnette. J’étois auparavant tailleur de pierres ; et comme on disoit que j’avois beaucoup de légèreté dans la main, je crus que je serois plus propre à ce métier ci.

Il lui met la main dans la poche.

Et de tailleur de pierres, je me suis fait tailleur de barbes.


SOTINET, lui surprenant la main dans sa poche.

Il me semble que vous avez la main gauche bien plus légère que la droite.

ARLEQUIN.

Ah ! Monsieur, vous vous moquez ! Ce sont de petits talents qu’on reçoit de la nature, et dont un honnête homme ne doit pas se glorifier.

SOTINET

Avez vous bien des pratiques ?

ARLEQUIN.

Tant, que je n’y saurois suffire. C’est moi qui fais