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Page:Regnard - Œuvres complètes, tome cinquième, 1820.djvu/79

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ISABELLE.

À te dire vrai, Colombine, je suis bien lasse de la vie que je mène. C’est un homme qui n’est jamais dans la route de la raison ; il a des travers d’esprit qui me désolent. Mais que veux tu ? Je suis mariée ; c’est un mal sans remède. Toute ma consolation est que nous nous ferons bien enrager tous deux.

COLOMBINE.

Mariée ! Voilà une belle affaire ! Est ce là ce qui vous embarrasse ? Bon, bon ! On se démarie aussi facilement qu’on se marie ; et je savois toujours bien, moi, que tôt ou tard il en falloit venir là ; il n’y avoit pas de raison autrement. Il ne tiendra donc qu’à faire impunément enrager les femmes, sous prétexte qu’elles sont douces et qu’elles n’aiment pas le bruit ! Oh ! Vous en aurez menti, messieurs les maris ; et quand il n’y auroit que moi, j’y brûlerai mes livres, ou cela sera autrement. Donnez moi la conduite de cette affaire là ; vous verrez comme je m’y prendrai.

ISABELLE.

Mon dieu ! Colombine, je voudrois bien n’en point venir là : je fais même tout ce que je puis pour avoir quelque estime pour Monsieur Sotinet ; mais je ne saurois en venir à bout. Je voudrois, Colombine, que tu fusses mariée ; tu verrois si c’est une chose si aisée que d’aimer un mari.

COLOMBINE.

Bon ! Est ce que je ne le sais pas bien ? N’allez pas