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Page:Regnard - Œuvres complètes, tome cinquième, 1820.djvu/89

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ISABELLE.

En vérité, Colombine, j’ai eu bien de la peine à me résoudre à ce que tu as voulu. On va me tympaniser par la ville, et je vais donner la comédie à tout Paris.

COLOMBINE.

Ah ! Vraiment, nous y voilà ! On va vous tympaniser ! Eh ! Mort non pas de ma vie, madame, c’est vous éterniser, que de faire un coup d’éclat comme celui là ! Dites moi, je vous prie, auroit on tant d’empressement à lire l’histoire galante de certaines femmes, si une séparation ne les avoit rendues célèbres ? Sauroit on la magnificence de Madame Lycidas, en justaucorps de soixante pistoles, les discrétions qu’elle perd avec son galant, si elle n’avoit pas plaidé contre son mari ? Et l’on n’auroit jamais connu tout l’esprit d’Artémise, sans ses lettres, qui ont été produites à l’audience. Je vous le dis, madame, il n’y a rien tel que de bien débuter dans le monde, et voilà le plus court chemin. On avance plus par là en un jour d’audience qu’en vingt années de galanterie ; et vous me remercierez dans peu des bons avis que je vous donne.

ISABELLE.

Il falloit donc, Colombine, que j’apprisse de longue main à mépriser, comme ces femmes dont tu me parles, les chimères et les fantômes de réputation et d’honneur qui font peur aux esprits simples comme le mien. Je conviens, avec toi, qu’il y a beaucoup