Page:Regnard - Œuvres complètes, tome second, 1820.djvu/175

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ANGÉLIQUE}}.

Mon coeur est maintenant certain de sa victoire.NÉRINE.

Madame, croyez-moi, je connais le grimoire. [410]

Souvent tous ces dépits sont des hoquets d'amour.ANGÉLIQUE.

Non ; l'amour de mon coeur est banni sans retour.NÉRINE.

Cet hôte dans un coeur a bientôt fait son gîte ;

Mais il se garde bien d'en déloger si vite.ANGÉLIQUE.

Ne crains rien de mon coeur.NÉRINE.

S'il venait à l'instant, [415]

Avec cet air flatteur, soumis, insinuant,

Que vous lui connaissez ; que d'un ton pathétique,

)Il vous dît à vos pieds : "Non, charmante Angélique,

Je ne veux opposer à tout votre courroux

Qu'un seul mot : je vous aime, et je n'aime que vous. [420]

Votre âme en ma faveur n'est-elle point émue ?

Vous ne me dites rien ! Vous détournez la vue !

Vous voulez donc ma mort ? Il faut vous contenter."

Peut-être en ce moment pour vous épouvanter,

Il se soufflettera d'une main mutinée, [425]

Se donnera du front contre une cheminée,

S'arrachera de rage un toupet de cheveux

Qui ne sont pas à lui. Mais de ces airs fougueux