Page:Regnard - Œuvres complètes, tome second, 1820.djvu/179

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Vos attraits sont à vous sans contestation. [475]

LA COMTESSE.

Et je puis en user à ma discrétion.ANGÉLIQUE.

Sans doute. Et je vois bien qu'il n'est pas impossible

Que Valère pour vous ait eu le coeur sensible.

L'or est d'un grand secours pour acheter un coeur ;

Ce métal, en amour, est un grand séducteur. [480]

LA COMTESSE.

En vain vous m'insultez avec un tel langage ;

La modération fut toujours mon partage :

Mais ce n'est point par l'or que brillent mes attraits ;

Et jamais, en aimant, je ne fis de faux frais.

Mes sentiments, ma soeur, sont différents des vôtres ; [485]

Si je connais l'amour, ce n'est que dans les autres.

J'ai beau m'armer de fier, je vois de toutes parts

Mille coeurs amoureux suivre mes étendards :

Un conseiller de robe, un seigneur de finance,

Dorante, le marquis briguent mon alliance ; [490]

Mais si d'un nouveau noeud je veux bien me lier,

Je prétends à Valère offrir un coeur entier.

Je fais profession d'une vertu sévère.ANGÉLIQUE.

Qui peut vous assurer de l'amour de Valère ?

LA COMTESSE.

Qui peut m'en assurer ? Mon mérite, je crois. [495]ANGÉLIQUE.

D'autres sur lui, ma soeur, auraient les mêmes droits.