Page:Regnard - Œuvres complètes, tome second, 1820.djvu/182

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LE MARQUIS}}

Homme de cour, moi ! Non. Ma foi, la cour m'ennuie ;

L'esprit de ce pays n'est qu'en superficie ;

Sitôt que vous voulez un peu l'approfondir,

Vous rencontrez le tuf. J'y pourrais m'agrandir ;

J'ai de l'esprit, du coeur, plus que seigneur de France ; [525]

Je joue, et j'y ferais fort bonne contenance :

Mais je n'y vais jamais que par nécessité,

Et pour y rendre au roi quelque civilité.NÉRINE.

Il vous est obligé, Monsieur, de tant de peine.LE MARQUIS

Je n'y suis pas plus tôt, soudain je perds haleine. [530]

Ces fades compliments sur de grands mots montés,

Ces protestations qui sont futilités,

Ces serrements de mains dont on vous estropie,

Ces grands embrassements dont un flatteur vous lie,

M'ôtent à tout moment la respiration : [535]

On ne s'y dit bonjour que par convulsion.

ANGELIQUE, au Marquis.

Les dames de la cour sont bien mieux votre affaire ?LE MARQUIS

Point. Il faut être au moins gros fermier pour leur plaire :

Leur sotte vanité croit ne pouvoir trop haut

À des faveurs de cour mettre un injuste taux. [540]