Page:Regnard - Œuvres complètes, tome sixième, 1820.djvu/32

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Isabelle.

Colombine, tu es une coquine. Tu ne me parles point de ce qui me paroît le plus fripon en amour. Est-ce que tu n’as jamais vu l’hiver, à la Comédie, ces jeunes officiers toujours brillants, qui font sans cesse le carrousel autour des actrices jolies ?

Colombine.

La pauvre enfant ! Elle ne se connoît pas en hommes !

Isabelle.

Pour ceux-là ils sont faits exprès pour mon humeur ; ils font toujours quelques singeries ; ils chantent, ils cabriolent, ils se battent quelquefois pour rire, et se baisent après devant tout le monde : enfin, quand je les vois sur le théâtre, ils me divertissent cent fois plus que la comédie.

Colombine.

Je vous en aurois bien proposé de cette manufacture-là ; mais…

Isabelle.

Quoi, mais !

Colombine.

Mais il vous faut un mari pour toute l’année, et ces messieurs-là ne servent que par quartier ; encore n’est-ce pas auprès de leurs femmes. (On donne du cor.) J’entends du bruit. Apparemment que voilà l’amant chasseur qui entre en danse.