tre des passions ; c’est le balancier qui fait mouvoir tous les ressorts de l’âme ; c’est un vieux fiacre routiné, qui tient à la main les rênes des passions : tantôt, faisant claquer son fouet, il excite le trouble et la terreur :
Paroissez, Navarrois, Maures et Castillans,
Et tout ce que l’Espagne a nourri de vaillants.
Veut-il inspirer la pitié ; il arrête sur le cul ses rosses fatiguées :
N’allons pas plus avant ; demeurons, chère Œnone ;
Je ne me soutiens plus, la force m’abandonne ;
Mes yeux sont éblouis du jour que je revois ;
Et mes genoux tremblants se dérobent sous moi.
Voilà ce qui s’appelle retourner un cœur comme une omelette ; et pour faire naître tant de différents mouvements dans l’âme des auditeurs, il faut qu’un comédien françois soit un Protée qui change de face à tout moment, et qu’il ait l’art de peindre toutes les passions sur son visage.
Je ne sais quelle couleur les passions prennent sur le visage de vos comédiens ; mais sur celui de vos comédiennes, elles sont toutes peintes en rouge.
Je crois que les deux troupes se servent du même peintre ; c’est à peu près la même manière.
Quae cum ita sint, je conclus que Roquillard est un sot, s’il ne marie sa fille à la Discorde. En la donnant à un comédien italien, il lui donne tout au plus un homme. Arlequin est toujours Arlequin ; le Doc-