Page:Regnard - Œuvres complètes, tome troisième, 1820.djvu/119

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Où la fière sagesse a brisé son orgueil.

cléanthis.

Vous aimiez Criséis ?

démocrite.

Vous aimiez Criséis ? La partie animale
Avait pris, malgré moi, le pas sur la morale ;
La nature perverse entraînoit la raison.
À l’univers entier j’en demande pardon.
Adieu.

agélas.

Adieu.Ne partez point ; il y va de ma gloire.

démocrite.

Faut-il que j’orne encor votre char de victoire ?
Je ne me trouve pas assez bien de la cour,
Seigneur, pour y vouloir faire un plus long séjour.
J’ai fait, en m’y montrant, une folie extrême ;
J’y vins comme un franc sot,
et je m’en vais de même ;
Trop heureux d’en partir libre de passion,
Et d’avoir de critique ample provision !
J’en ai fait à la cour un recueil à bon titre ;
Je me mets, je l’avoue, en tête du chapitre
De ceux que l’amour fait à l’excès s’oublier ;
Mais, sans le bracelet, vous étiez le premier.
Je vais chercher des lieux où la philosophie
Ne soit plus exposée à cette épilepsie.
Dans un antre plus creux, achevant mon emploi,
Je vais rire de vous ; riez aussi de moi.

Il sort.