Page:Regnard - Œuvres complètes, tome troisième, 1820.djvu/246

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Qu’un homme qui s’endort sur la foi d’une femme ;
Qui, sans être jamais de soupçons combattu,
Compte tranquillement sur sa frêle vertu ;
Croit qu’on fit pour lui seul une femme fidèle.
Il faut faire soi-même, en tout temps, sentinelle ;
Suivre partout ses pas ; l’enfermer, s’il le faut ;
Quand elle veut gronder, crier encor plus haut.
Et malgré tous les soins dont l’amour nous occupe,
Le plus fin, tel qu’il soit, en est toujours la dupe.

Albert

Nous sommes un peu grecs sur ces matières-là ;
Qui pourra m’attraper, bien habile sera.
Chaque jour, là-dedans, j’invente quelque adresse
Pour mieux déconcerter leur ruse et leur finesse.
Ma foi, vous aurez beau, messieurs leurs partisans,
Débonnaires maris, doucereux courtisans,
Abbés blonds et musqués qui cherchez par la ville
Des femmes dont l’époux soit d’un accès facile,
Publier que je suis un brutal, un jaloux ;
Dans le fond de mon cœur je me rirai de vous.

Eraste

Quand vous seriez jaloux, devez-vous vous défendre
Pour avoir plus qu’un autre un cœur sensible et tendre ?
Sans être un peu jaloux, on ne peut être amant.
Bien des gens cependant raisonnent autrement.