Page:Regnard - Œuvres complètes, tome troisième, 1820.djvu/249

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Lisette

Ah ! Monsieur, ce malheur n’est que trop véritable.
Quand, par votre ordre exprès, elle a vu travailler
Ce maudit serrurier, venu pour nous griller ;
Qu’elle a vu ces barreaux et ces grilles paroître,
Dont ce noir forgeron condamnoit sa fenêtre,
J’ai, dans le même instant, vu ses yeux s’égarer,
Et son esprit frappé soudain s’évaporer.
Elle tient des discours remplis d’extravagance ;
Elle court, elle grimpe, elle chante, elle danse.
Elle prend un habit, puis le change soudain
Avec ce qu’elle peut rencontrer sous sa main.
Tout-à-l’heure elle a mis, dans votre garde-robe,
Votre large calotte et votre grande robe ;
Puis prenant sa guitare, elle a, de sa façon,
Chanté différents airs en différent jargon.
Enfin, c’est cent fois pis que je ne puis vous dire :
On ne peut s’empêcher d’en pleurer et d’en rire.

Eraste

Qu’entends-je ? Juste ciel !

Albert

Quel funeste malheur !

Lisette

De ce triste accident vous êtes seul l’auteur ;
Et voilà ce que c’est que d’enfermer les filles !

Albert

Maudite prévoyance, et malheureuses grilles !