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Page:Regnard - Œuvres complètes, tome troisième, 1820.djvu/328

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Vous savez qu’au ciel et sur terre
On me donne cent qualités.
Je suis l’agent du dieu qui lance le tonnerre ;
Je conduis les morts aux enfers.
Mon pouvoir s’étend sur les mers.
Je suis le dieu de l’éloquence.
Ma planète préside aux fous,
Aux marchands, ainsi qu’aux filous :
Fort petite est la différence.
Je donne aux chimistes la loi.
Des pâles médecins la cohorte assassine
M’appelle, suivant mon emploi,
Le furet de la médecine :
Heureux qui se passe de moi !

Apollon

Entre tant de métiers mis dans votre apanage,
Qui pourroient fatiguer quatre dieux comme vous,
C’est celui de porter, je crois, les billets doux
Qui vous occupe davantage.

Mercure

Mon crédit est tombé, je suis de bonne foi.
Chacun, depuis un temps, de ce métier se pique ;
Et tant d’honnêtes gens exercent mon emploi,
Que je leur laisse ma pratique ;
Ils y sont presque tous aussi savants que moi.

Apollon

Vous avez trop de modestie.
Mais venons donc au fait dont il est question.