Page:Regnard - Œuvres complètes, tome troisième, 1820.djvu/339

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Le Chevalier

Faudra-t-il que le vin te commande sans cesse ?

Valentin

Vous savez que chacun, monsieur, a sa foiblesse ;
Mais le mauvais exemple, encor plus que le vin,
Me retient, malgré moi, dans le mauvais chemin.
Je me sens de bien vivre une assez bonne envie.

Le Chevalier

Mais pourquoi hantes-tu mauvaise compagnie ?

Valentin

Je fais de vains efforts, monsieur, pour l’éviter ;
Mais je vous aime trop, je ne puis vous quitter.

Le Chevalier

Que dis-tu donc, maraud ?

Valentin

Monsieur, un long usage
De parler librement me donne l’avantage.
En pareil cas que moi vous vous êtes trouvé ;
Assez souvent, d’un vin bien pris et mal cuvé,
Je vous ai vu le chef plus lourd qu’à l’ordinaire ;
J’ai même quelquefois prêté mon ministère
Pour vous donner la main et vous conduire au lit :
De ces petits excès je ne vous ai rien dit :
Nous devons nous prêter aux foiblesses des autres,
Leur passer leurs défauts, comme ils passent les nôtres.

Le Chevalier

Je te pardonnerois d’aimer un peu le vin,
Si je te connoissois à ce seul vice enclin ;
Mais ton maudit penchant à mille autres te porte :