Page:Regnard - Œuvres complètes, tome troisième, 1820.djvu/67

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agénor.

Je ne sais.Mais, seigneur, quel est votre dessein ?

agélas.

D’aimer.

agénor.

D’aimer.Quel sera donc le sort de la princesse ?
Athènes, par un choix où chacun s’intéresse,
Vous a fait souverain, sans aucune autre loi
Que d’épouser Ismène, alliée au feu roi.

agélas.

Mon cœur jusqu’à ce jour, sans nulle répugnance,
Suivoit de cette loi la douce violence.
Ce cœur même, en secret, souvent s’applaudissoit
De la nécessité que le sort m’imposoit :
Mais depuis le moment qu’une jeune bergère
M’a charmé, sans avoir nul dessein de me plaire,
Mon penchant pour Ismène aussitôt m’a quitté.
Je me sens entraîner tout d’un autre côté.

agénor, à part.

Ciel, qui sais mon amour, fais si bien, qu’en son âme
Puisse à jamais régner cette nouvelle flamme !

(à Agélas.)

Ce n’est pas d’aujourd’hui que les champs et les bois
Ont produit des objets dignes des plus grands rois ;
Et le sort prend plaisir, d’une chaîne secrète,
D’allier quelquefois le sceptre et la houlette.

agélas.

Cette inégalité, ce défaut de grandeur,
Pour Criséis encore irrite mon ardeur.