Page:Regnard - Œuvres complètes, tome troisième, 1820.djvu/72

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criséis.

On dit qu’il ne faut point qu’avec trop de licence
Une fille s’arrête à voir de tels objets,
Et dise de son cœur les sentiments secrets.
Il en est un pourtant, si j’ose ici le dire,
Qui, d’un charme flatteur que sa présence inspire,
Se distingue aisément, et qui de toutes parts
S’attire, sans effort, les cœurs et les regards.

agélas.

Vous prenez du plaisir en le voyant paroître ?

criséis.

Oh ! Beaucoup. À son air on voit qu’il est le maître,
Les autres, devant lui, timides et défaits,
Ne paraissent plus rien, et deviennent si laids
Qu’on ne regarde plus tout ce qui l’environne.

agélas.

Aimeriez-vous un peu cette heureuse personne ?

criséis.

Je ne sais point, seigneur, ce que c’est que d’aimer.

agélas.

Aucun objet encor n’a pu vous enflammer ?

criséis.

Non : l’on est dans les bois d’une froideur extrême.

agélas.

Si cet heureux mortel vous disoit qu’il vous aime ?…

criséis.

Qu’il m’aime, moi, seigneur ! Je me garderois bien,
S’il me parloit ainsi, d’en croire jamais rien :