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Page:Regnaud - Le Chariot de terre cuite, v1.djvu/18

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XIV
PRÉFACE.

puérils, des complications grammaticales et de l’abus prémédité des fleurs de rhétorique qui caractérisent les œuvres de la décadence précoce de la littérature sanscrite. L’idée s’y trouve exprimée avec sobriété, justesse et élévation et elle revêt dans les parties versifiées un aspect qui surprend quand on est habitué à l’allure symétrique et compassée de la poésie sentencieuse si prédominante dans les morceaux qui nous sont connus par les anthologies. Dans le Chariot de terre cuite, le vers a une marche aussi dégagée et aussi franche que celui d’Horace, et c’est encore, ce me semble, le signe non équivoque d’une œuvre appartenant à une époque d’originalité littéraire.

Jusqu’ici j’ai qualifié la Mricchakatikâ de drame. C’est, en effet, un drame dans l’acception toute spéciale qu’a prise ce mot depuis Shakspeare ou, mieux encore, depuis le grand mouvement romantique du commencement de ce siècle[1]. Divisée en dix actes, dont chacun présente nettement une des péripéties successives de l’action ; entremêlée de scènes comiques parfois jusqu’au bouffon, tragiques jusqu’au meurtre, ou sim-

  1. Avec cette particularité pourtant que le dénouement de la Mricchakatikâ, comme celui de toutes les pièces sanscrites, est heureux.