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LE CHARIOT DE TERRE CUITE.

« Vide (19) est la maison de celui qui n’a pas d’enfants, longtemps vide est celle de l’homme qui n’a point d’amis fidèles, vides sont pour le fou tous les points de l’horizon et que pour le pauvre tout est vide (20) ? »

Mon chant est terminé. Cet exercice m’a affamé au point de me faire sortir les yeux de la tête (21) et mes prunelles vont tomber en crépitant comme la semence du lotus que dessèche les rayons brûlants du soleil dans la saison d’été. Aussi vais-je appeler la ménagère et lui demander s’il n’y a pas quelque chose à déjeuner. Holà ! c’est moi… Mais est plus pratique et plus facile (22) de m’exprimer en prâcrit. Hélas ! hélas (23) ! À force de chanter et d’avoir faim, mes membres sont aussi affaiblis que des tiges sèches de lotus. Entrons donc dans la maison et voyons si ma femme m’a préparé quelque chose. (Il s’avance et regarde.) Voici ma maison ; entrons ! (Il entre et promène ses regards autour de lui.) Tiens, tiens (24) ! que se passet-il ici d’extraordinaire ? Le sol sert de lit à un long courant d’eau de riz qui s’est brunie en bouillissant dans un chaudron d’airain, ce qui revêt la maison d’un signe particulier et la fait ressembler à une jeune femme qui vient de faire son tilaka (25) ; excitée par ces parfums savoureux, la faim me torture cruel-