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21
ACTE PREMIER.

« Pourquoi la frayeur jette-t-elle le trouble dans vos grâces juvéniles ? Pourquoi précipiter le mouvement de ces pieds exercés (21) à marquer le rhythme de la danse ? Pourquoi vous enfuir en jetant çà et là, du coin de l’œil, des regards tremblants, comme une gazelle effarouchée par la poursuite du chasseur ? »

Samsthânaka. — Arrête ! Vasantasenâ, arrête !

« Pourquoi t’enfuir, te sauver, courir en trébuchant (22) ? Quitte ta crainte, jeune fille, on ne veut pas te faire de mal ; arrête-toi, seulement. L’amour met mon cœur au supplice ; il le brûle à petit feu comme un morceau de viande tombé sur un lit de charbons ardents. »

L’esclave. — Arrête ! courtisane, arrête !

« Pourquoi t’enfuir épouvantée à ma vue (23) comme la femelle du paon en été, alors que sa queue est munie de toutes ses richesses ? Quant au puissant seigneur, mon maître, il se trémousse (24) comme un jeune chien (25) courant dans la forêt. »

Le vita. — Arrêtez ! Vasantasenâ, arrêtez !

« Pourquoi vous enfuir en tremblant comme un jeune bananier, sous votre tunique écarlate dont les bords sont agités par le vent, ô vous qui, pareille à une mine d’arsenci