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Page:Reichenbach – The Rise of Scientific Philosophy.djvu/51

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J. THE SEARCH FOR CERTAINTY

d’un ego, et croit ainsi avoir trouvé un fait dont on ne peut douter.

Une analyse ultérieure a montré l’erreur de l’argument de Descartes. Le concept d’ego n’est pas aussi simple que Descartes le croyait. Nous ne nous voyons pas comme nous voyons les maisons et les gens qui nous entourent. Nous pouvons peut-être parler d’une observation de nos actes de pensée ou de doute ; ils ne sont cependant pas perçus comme les produits d’un ego, mais comme des objets distincts, comme des images accompagnées de sentiments. Dire « je pense » va au-delà de l’expérience immédiate dans la mesure où la phrase emploie le mot « je ». L’affirmation « je pense » ne représente pas une donnée d’observation, mais la fin de longues chaînes de pensée qui découvrent l’existence d’un ego distinct de l’ego des autres personnes. Descartes aurait dû dire « il y a de la pensée », indiquant ainsi une sorte d’occurrence détachée des contenus de la pensée, leur émergence indépendante des actes de volition ou d’autres attitudes impliquant l’ego. Mais alors, la déduction de Descartes ne pourrait plus être faite. Si l’existence du moi n’est pas justifiée par une conscience immédiate, elle ne peut être affirmée avec une plus grande certitude que celle d’autres objets déduits au moyen d’ajouts plausibles aux données de l’observation.

Il n’est guère nécessaire d’entrer dans une réfutation plus détaillée de la déduction de Descartes. Même si cette déduction était défendable, elle ne prouverait pas grand-chose et ne pourrait pas établir la certitude de notre connaissance des choses autres que l’ego — la façon dont Descartes poursuit l’argument le montre clairement. Il déduit d’abord que, puisqu’il y a un ego, il doit y avoir Dieu, sinon l’ego ne pourrait pas avoir l’idée d’un être infini. Il en déduit ensuite que les choses qui nous entourent doivent également exister, sinon Dieu serait un imposteur. Il s’agit là d’un argument théologique, qui semble assez étrange