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Page:Reichenbach - Experience and Prediction.djvu/233

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§ 25. THE PROJECTIVE CONSTRUCTION 219

le concret dans les esprits archaïques. Le domaine des choses concrètes ne se limite pas aux choses de caractère spatial ; il n’est pas du tout déterminé par la place des choses dans l’agencement physique du monde, mais par des conditions psychologiques.

Ces considérations, qui détaillent la différence entre l’agencement subjectif et l’agencement objectif du monde, nous montrent le caractère unilatéral de la perspective dans laquelle nous voyons le monde du point de vue de nos dimensions moyennes. Nous marchons dans le monde comme le spectateur marche dans une grande usine : il ne voit pas les détails des machines et des opérations de travail, ni les connexions globales entre les différents départements qui déterminent les processus de travail sur une grande échelle. Il ne voit que les éléments dont l’échelle est proportionnelle à ses capacités d’observation : les machines, les ouvriers, les camions, les bureaux. De même, nous voyons le monde à l’échelle de nos capacités sensorielles : nous voyons des maisons, des arbres, des hommes, des outils, des tables, des solides, des liquides, des vagues, des champs, des forêts, et le tout recouvert par la voûte céleste. Cette perspective, cependant, n’est pas seulement unilatérale ; elle est fausse, en un certain sens. Même les concreta, les choses que nous croyons voir telles qu’elles sont, ont objectivement d’autres formes que celles que nous voyons. Nous voyons la surface polie de notre table comme un plan lisse ; mais nous savons que c’est un réseau d’atomes avec des interstices beaucoup plus grands que les particules de masse, et le microscope montre déjà non pas les atomes mais le fait que la douceur apparente n’est pas meilleure que la « douceur » de l’écorce d’une pomme ratatinée. Nous voyons le poêle en fer devant nous comme un modèle de rigidité, de solidité, d’inaltérabilité ; mais nous savons que ses particules exécutent une danse violente, et qu’il ressemble plus à un essaim de moucherons dansants qu’à l’image de solidité que nous lui attribuons. Nous voyons la lune comme un disque argenté dans le ciel