288 CONSTRUCTION OF THE WORLD
une relation entre l’entrée du paquebot dans le port et un ensemble de mots. Supposons que nous considérions le fait primaire et que la phrase apparaisse comme évidente. Si l’on veut contrôler cela, il faut considérer le fait secondaire ; si alors la phrase « est vraie » apparaît comme évidente, il est prouvé que le critère d’évidence et le critère de correspondance pour aboutissent au même résultat, c’est-à-dire qu’ils ne se contredisent pas.
La méthode peut être poursuivie ; la vérité évidente de la phrase « est vrai » peut être contrôlée par la méthode des correspondances car cette phrase entretient à nouveau une correspondance entre une phrase et un fait. Il faut donc exiger que la phrase « La phrase “ est vraie” est vraie » se produise comme le justifie le critère d’évidence. Si tel est le cas, la compatibilité des deux critères est prouvée à un niveau supérieur.
Il ressort de ces considérations que le critère d’évidence de la vérité ne peut pas être supprimé ; il est seulement déplacé à un niveau supérieur. Le critère de l’évidence reste toujours notre critère ultime ; nous devons regarder un fait de nos propres yeux si nous voulons contrôler la vérité d’une phrase et, si nous appliquons la définition par correspondance de la vérité, cela ne signifie rien d’autre que de diriger nos yeux vers un autre fait. C’est la différence avec le cas de l’émetteur de télévision. Pour contrôler la fonction de cet appareil, nous n’avons pas besoin d’utiliser l’appareil lui-même mais de disposer d’autres instruments. C’est comme si un émetteur de télévision contrôlait son propre fonctionnement en s’observant lui-même avec sa cellule photoélectrique et en transmettant les courants électriques qui en résultent. C’est pourquoi le critère de la preuve est supérieur au critère de la correspondance ; le bon fonctionnement de la lampe rouge de l’émetteur doit être contrôlé par une seconde transmission