Aller au contenu

Page:Reichenbach - Experience and Prediction.djvu/46

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

32 MEANING

contenu. Nous devons savoir pour cette comparaison que la capitale désigne la pièce, que la lettre coordonnée désigne la colonne, etc. La comparaison est donc en elle-même un acte de pensée. Cependant, elle ne porte pas sur un « contenu » imaginaire des symboles, mais sur les symboles eux-mêmes, en tant qu’entités physiques. Les marques d’encre « Cc3 » ont une certaine relation avec les pièces de l’échiquier ; ces marques forment donc une phrase vraie. La vérité est donc une propriété physique des choses physiques, appelées symboles ; elle consiste en une relation entre ces choses, les symboles, et d’autres choses, les objets.

Il est important qu’une telle théorie physique de la vérité puisse être donnée. Il n’est pas nécessaire de diviser la proposition en sa « signification mentale » et en son « expression physique », comme le font les philosophes idéalistes, et d’attacher la vérité à la seule « signification mentale ». La vérité n’est pas fonction de la signification mais des signes physiques ; inversement, la signification est fonction de la vérité, comme nous l’avons noté précédemment. L’origine de la théorie idéaliste de la vérité peut être recherchée dans le fait qu’un jugement sur la vérité présuppose la pensée ; mais il ne concerne pas la pensée. L’énoncé « La proposition a est vraie » concerne un fait physique, qui consiste en une correspondance entre l’ensemble des signes inclus dans a et certains objets physiques.

Interrogeons-nous maintenant sur le troisième prédicat des propositions de notre langue. Nous rencontrons toujours des valeurs prédictives lorsqu’il s’agit d’actions ; elles doivent donc apparaître lorsque l’on joue effectivement au jeu d’échecs. En effet, les joueurs du jeu sont continuellement dans une situation exigeant la détermination d’un poids. Ils veulent déplacer leurs pièces de manière à atteindre une certaine disposition des pièces sur l’échiquier, appelée « mat » ; et pour y parvenir, ils doivent prévoir les mouvements de l’adversaire. Chaque joueur attribue donc des poids à des propositions exprimant de futurs