Page:Reid, À fond de cale, 1868.djvu/109

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en miniature, et le mettant sous mon bras, je souhaitai le bonjour à mes amis. Chacun fut étonné de me voir partir sitôt ; mais je leur donnai je ne sais quelle excuse dont ils se contentèrent.

Au moment de franchir l’enceinte du parc, je jetai un dernier regard sur mes compagnons d’enfance, et des larmes couvrirent mes yeux, lorsque je me détournai pour continuer ma route.

Je rampai le long du mur, dans la crainte d’être aperçu, et me trouvai bientôt sur le chemin qui conduisait à la ville ; je me gardai bien d’y rester, et pris à travers champs, afin de gagner un bois qui suivait la même direction. Vous sentez de quelle importance il était pour moi de me cacher le plus tôt possible ; je pouvais rencontrer quelque habitant du village qui m’aurait embarrassé en me demandant où j’allais, et qui du reste, en cas de poursuites, aurait guidé les gens qui se seraient mis à ma recherche.

Une autre inquiétude ne me tourmentait pas moins, j’ignorais à quel moment on lèverait l’ancre de l’Inca, j’avais craint, en partant de meilleure heure, d’arriver trop tôt, et de laisser aux gens, qui s’apercevraient de mon absence, le temps nécessaire pour me rejoindre avant qu’on eût mis à la voile. Mais si j’arrivais trop tard, mon désappointement serait plus cruel que toutes les punitions que j’aurais à subir au sujet de mon escapade.